L’association « Explore & Preserve » en mission sensibilisation à Port-Cros
« Un bon déchet est un déchet que l’on ne produit pas. »
Sensibilisation, information, collecte de déchets marins, déchets sauvages, avec scolaires et grand public, en moins d’un an d’existence, la toute jeune association Explore & Preserve, basée à Hyères, a enchaîné actions… et résultats : 6 tonnes ramassées !
Dernier défi relevé avec brio : opération information et collecte à Port-Cros. Entretien avec Anne Settimelli, fondatrice de l’asso.
Pourquoi cette opération à Port-Cros ?
L’idée est de faire une campagne de sensibilisation et un ramassage autour de la problématique de la pollution liée aux mégots. On va aussi collecter des déchets sauvages sur les plages et le port mais l’essentiel est autour des mégots, sachant que dans les îles, notamment Port-Cros, qui est en cœur de Parc, il est strictement interdit de fumer excepté sur la zone autour des commerces et des restaurateurs. C’est donc pour sensibiliser les gens, d’une part au fait qu’il est interdit de fumer sur l’île, d’autre part que quand on arrive on ne jette pas les mégots par terre. Un mégot pollue à peu près 500 litres d’eau, c’est du plastique, chargé en produits toxiques, et donc très très très nocif pour l’environnement, notamment pour le milieu marin.
Esprit Parc national Port-Cros vous a retenu votre initiative. Vous pouvez nous en dire plus ?
L’asso est partenaire du Parc national de Port-Cros et d’EcoSTRIM concernant une campagne de sensibilisation sur la zone d’adhésion au Parc. Avec le Parc, on a installé des panneaux dans les bases nautiques des zones d’adhésion pour qu’ils sensibilisent leur public.
On est partenaire, également, de Recyclop, qui récupèrent les mégots et les revalorisent en les donnant à une entreprise qui va les traiter comme des déchets toxiques. Ils vont être brûlés à très haute température avec des filtres spécifiques, normés, et ça va créer de l’énergie pour cette entreprise qui est complètement autonome énergétiquement parlant. C’est assez intéressant comme procédé. On travaille également avec Sauvage Méditerranée. Basés à Marseille eux aussi, ils font de la revalorisation de plastiques durs.
Comment vous est venue l’idée de l’association ?
Tout simplement. À la base je suis monitrice d’escalade, depuis que je suis gamine je passe mon temps en pleine nature. Je connais bien la région, ma famille est d’ici. Venue m’y installer moi-même il y a 15 ans, je me suis mise naturellement à la voile, au paddle, à tous les sports un petit peu aquatiques, et j’ai commencé à observer le littoral. Un matin où je me baladais sur la plage de l’Almanarre, j’ai trouvé une tortue morte, une grosse tortue Caouanne, et j’ai commencé à me demander : Comment ça se fait ? Quelque temps après, j’ai trouvé un dauphin échoué, et je me suis penchée sur la question de la pollution plastique. J’ai enquêté, je me suis beaucoup documentée, et j’ai trouvé ça passionnant parce que c’est assez tentaculaire comme problématique, c’est super intéressant. Au début, je ne voulais pas monter d’association parce que je ne suis pas paperasse du tout. Puis on s’est dit que ce n’était pas possible de fonctionner juste sous un collectif. On a commencé à faire les choses très sérieusement à partir de septembre octobre l’année dernière. Depuis, on multiplie les actions.
Quel est votre programme pour les jours et les mois à venir ?
On fait essentiellement des gros ramassages hors-saison en hiver parce que Hyères est impacté par le courant ligure. En hiver, il y a des gros coups de vent, et du coup on récupère énormément de déchets notamment plastiques. Il faut savoir que quand on fait des collectes c’est 80% de plastique qu’on retrouve échoué. Donc en hiver on fait des gros ramassages concentrés sur le littoral et sur les plages. En été, on a une autre problématique parce que la pollution est davantage liée au flux touristique, on a donc une autre démarche, plus légère, davantage en sensibilisation, notamment dans les ports.
Par ailleurs, nous commençons à travailler avec des scolaires en classe mer.
Combien êtes-vous et comment fait-on pour vous rejoindre ?
Nous sommes 230 adhérents à ce jour et suivis par 3700 personnes sur les réseaux sociaux. On communique beaucoup sur Facebook et Instagram. Toutes les collectes, tous les événements y sont annoncés. On organise aussi des soirées avec un peu de son (DJing qui fait partie de l’asso est souvent aux platines), de la sensibilisation, des acteurs locaux ; c’est une façon de se retrouver et de présenter l’association.
Chaque fois qu’on organise des collectes ou des événements on envoie un mail aux adhérents. Et puis, on a un site Internet, bien sûr, mais la plupart des annonces se fait sur les réseaux sociaux – en presque un an on a fait quasiment une trentaine de ramassages, plus les événements.
Ce qui représente combien de kilos de déchets ?
À ce jour, autour des 6 tonnes. Uniquement sur la commune. Il faut savoir que la commune de Hyères compte à peu près 180 km de littoral, ce qui est énorme, et elle n’est pas plus impactée par la pollution que les autres.
Peut-on participer aux ramassages sans être adhérent ?
Bien sûr. L’adhésion est une façon de nous soutenir. Elle est à 5 euros, ce qui n’est pas grand chose, et vous êtes couvert par l’assurance de l’association en cas de problème (à ce jour on a eu zéro problème). C’est une façon aussi de fédérer un petit peu.
Les objectifs pour les 6 mois qui viennent ? De quoi vous avez besoin ?
Nous sommes tous bénévoles et, franchement, on a besoin d’argent pour faire tourner l’association, et pour arriver à nous développer, salarier un poste à mi-temps…
Nous sommes d’ailleurs à la recherche de mécénat d’entreprises locales.
Ceci dit, en terme de visibilité, je trouve qu’on est pas mal. On a été très surpris d’arriver à sensibiliser aussi vite à cette problématique sur le bassin hyérois. Dès le départ, cette histoire a fonctionné. Je pense qu’il y avait vraiment une demande sur la commune, les gens ont tout de suite adhéré. Ce qui a joué, aussi, c’est qu’on a vraiment un ADN local qui est important et moi je crois vraiment à l’hyper local, c’est-à-dire qu’on travaille beaucoup avec les commerçants du bord de mer. Il y en a énormément qui nous ont acheté des panneaux — parce qu’on vend des petits panneaux en bois coloré avec des messages de sensibilisation ; c’est une façon de nous soutenir et aussi de sensibiliser leur public. Et ça c’est très important parce que c’est eux qui sont directement en lien avec le public, les restaurateurs, les bars, les commerces, et on est très contents du lien qu’on a réussi à créer avec eux, ça fait une belle énergie et c’est une façon de s’impliquer dans la protection de la Méditerranée, chose pour laquelle on se bat tous les jours.
Un message à faire passer ?
Changeons notre mode de consommation. Il faut réduire notre consommation de plastique à usage unique, c’est une catastrophe, ça a un impact dramatique sur l’environnement, notamment marin. On interpelle évidemment les pouvoirs publics et les industriels mais tout part quand même du consommateur : il faut arrêter d’acheter du plastique à usage unique. Le recyclage, c’est anecdotique ; la réduction de notre consommation, c’est vraiment la base. Le meilleur déchet est le déchet que l’on ne produit pas.
En images

Qualifications des déchets
@Crédit photo : Manuel Tardy – Parc national de Port-Cros

Ramassage sur les sentiers de l’île
@Crédit photo : Manuel Tardy – Parc national de Port-Cros

Bonne humeur assurée pour cette mission sensibilisation à Port-Cros
@Crédit photo : Manuel Tardy – Parc national de Port-Cros

Informer pour éduquer : l’une des missions prioritaires de l’asso
@Crédit photo : Manuel Tardy – Parc national de Port-Cros

Les enfants toujours partants !
@Crédit photo : Manuel Tardy – Parc national de Port-Cros
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