Ma visite guidée au fort de la Repentance, sur l’île de Porquerolles

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 Si l’île de Porquerolles est mondialement connue pour ses plages aux eaux transparentes et sa faune sous-marine, elle possède bien d’autres trésors plus secrets, que seules les visites guidées Esprit parc national permettent de découvrir.

Ce mercredi d’août, je prends la direction de Porquerolles pour découvrir le fort de la Repentance, exceptionnellement ouvert au public, grâce à une visite guidée proposée par le Parc national de Port-Cros.

Sur les chemins du fort de la Repentance

Malgré l’affluence estivale au rendez-vous, je débarque à Porquerolles en temps et en heure. Tandis que les vacanciers empruntent les chemins menant aux plages de l’île, je rejoins la Maison de Parc national, située au cœur du village, puis profite des quelques minutes restantes avant le démarrage de la visite pour échanger avec notre guide, certifié Esprit Parc national – Port-Cros, Jérôme Vian.

Rencontre avec un guide Esprit Parc national, et fier de l’être !

Souriant, accessible et passionné, Jérôme est guide conférencier depuis 1988. Il a développé des visites dans les salins d’Hyères il y a une vingtaine d’années et a fait de la faune, la flore et l’ornithologie ses domaines de prédilection. Durant ces années, il développe tout naturellement des liens avec l’équipe du Parc national de Port-Cros qui lui propose diverses formations en tant que bénéficiaire de la marque Parc depuis 2015, et cela lui ouvre des perspectives ! Rencontres avec des acteurs du Parc national, des clubs de plongée, des associations de randonneurs, de protection des oiseaux… Pour Jérôme, la question environnementale est centrale : « L’endroit où j’habite, Hyères et les îles, me fait vivre mais j’estime que, comme tout bon artisan, il faut respecter son outil de travail si on veut le faire durer, si on veut qu’il nous serve bien. »

La collaboration avec le Parc national de Port-Cros, à travers la certification Esprit Parc national, lui permet d’enrichir ses connaissances : elle lui procure un accès au fond documentaire scientifique du Parc national et à des formations sur les papillons, l’herpétologie, l’archéologie sous-marine… Cette collaboration lui permet aussi, pour ses visites guidées, l’accès à des forts habituellement fermés au public. Esprit Parc national limite enfin les groupes à 15 personnes, ce qui lui fournit un confort indéniable, à lui comme à ses clients.

À la découverte du cœur de Porquerolles

Le temps de cet échange, le groupe s’est formé. C’est le moment de mettre un peu de crème solaire et un chapeau. Jérôme présente la visite et propose de prendre des sacs en filet pour ramasser les déchets en plastique que nous ne manquerons pas de trouver sur les chemins.

C’est parti ! Nous traversons le village, empruntons les chemins qui mènent d’abord aux plages, parmi les estivants à pied et à vélo. Dès la première bifurcation vers l’intérieur de l’île, la foule se raréfie. Phénomène concomitant, mais sans lien évidemment, le paysage change. D’un sentier sableux, à l’ombre de grands eucalyptus, nous passons désormais à un environnement de plaines, dans lesquelles des vignes parfaitement alignées sont bordées de sentiers et de chênaies.

Bien qu’ayant la chance de connaître l’île depuis l’enfance, je n’ai jamais mis les pieds loin du sable, et je réalise que je ne peux pas dire que je connais Porquerolles. Les plages de sable fin, les eaux transparentes, le village oui, mais tout ce qui se situe « à l’intérieur » : jamais vu ! Et ce que je vois m’étonne : nous avons commencé à monter par les sentiers en direction du point culminant de l’île (142 mètres d’altitude) et le panorama est déjà incroyable. Douces collines et vallons : la topographie de Porquerolles a des reliefs, des couleurs profondes en son cœur, rendues encore plus intenses par la clarté du littoral. Vignes et moulin, Porquerolles est une île fertile, quand bien même son approvisionnement en eau est difficile. Forts perchés : l’histoire de Porquerolles est riche des stratégies de défense et de leur évolution. Jérôme se régale de nous peindre une histoire de l’île à travers les siècles. Les questions fusent, la magie opère.

Histoire militaire et mystique au fort de la Repentance

Nous reprenons l’ascension qui nous mène au fort de la Repentance. Nous commençons à rechercher l’ombre et n’hésitons pas à nous arrêter pour boire. Le soleil n’est pas encore à son zénith, mais la chaleur est bien là !

Nous voici au fort. C’est tout d’abord une sensation curieuse quand on l’aperçoit. On y arrive en passant par une sorte de goulet qui ne permet pas d’avoir de recul pour contempler le bâtiment. Mais, de fait, il n’est pas d’un abord impressionnant. Point de tour ni de chemin de ronde car, on l’apprendra plus tard, la stratégie a été ici de recouvrir le fort de 4 mètres de remblais pour le dissimuler aux yeux ennemis. Et c’est de religion orthodoxe et non de stratégie militaire dont Jérôme nous parle aux portes du fort de la Repentance. En effet, ce qui rend cette visite si spéciale est sur le point de nous être révélé. Si le passé du fort est riche (et Jérôme va nous entraîner à sa découverte, jusqu’à 10 mètres sous terre !), son présent est atypique. Depuis 1995, le Parc national de Port-Cros a conventionné avec une congrégation orthodoxe : un moine vit dans le fort, en échange de son engagement à le réhabiliter et à l’ouvrir au public une fois par mois.

Jérôme nous donne quelques consignes car c’est en ermite que vit le moine. Il est important que le groupe respecte sa quiétude, nous nous déplacerons en silence dans le fort et pourrons laisser un don si nous le souhaitons avant de repartir. C’est quelque chose d’étrange que cette partie de la visite… Jérôme envoie un sms au moine pour le prévenir de notre arrivée (il fera de même pour notre départ). Ce seront les seuls contacts que nous aurons avec lui. A l’intérieur du fort, une cloche, une voiture…le moine, lui, est invisible.

Ermitage au fort de la Repentance : le dénuement en écho à la richesse du site

Jérôme nous emmène dans les casernements de plain-pied. Le fort, prévu pour des soldats du XIXe siècle, n’a été doté d’aucun élément de confort. Il n’en a pas plus aujourd’hui. Dans l’un des casernements (grandes pièces d’une centaine de mètres carrés, aux murs peints à la chaux,  et au sol en terre cuite), un évier est fixé au mur, la vaisselle est rangée presque à même le sol. Dans un autre casernement, deux matelas sont posés sur des sommiers de fortune, les draps tirés au carré. La propreté des lieux a quelque chose de militaire. Une ampoule pend du plafond, un tuyau de poêle traverse la pièce. Le moine vit dans le dénuement le plus total. Nous sommes en août, les nuits sont douces, je m’interroge sur l’énergie, et la foi bien sûr, nécessaires pour demeurer en ces lieux hiver après hiver…

Nous ressortons pour monter sur le « toit » du fort. Entièrement recouvert de remblais il y a deux siècles, la cour et le toit sont aujourd’hui dissimulés sous une végétation typiquement méditerranéenne qui semble avoir toujours été là. La vue y est époustouflante, offrant un panorama qui couvre les vignes de Porquerolles, ses plages bien évidemment, et la baie d’Hyères. Pins, chênes, vignes… Du vert profond au blanc des plages de sables, des collines en pente douce aux bateaux qui croisent dans la baie d’Hyères émerge un parfum de sérénité. A l’abri de la frénésie du monde, l’image du moine en contemplation devant la beauté de ce site – levers et couchers de soleil, orages, changements de saisons – vient à l’esprit de tous les participants…

À la découverte des Saintes Images

Après être descendu dans les casernements situés 10 mètres sous terre, c’est maintenant le moment de découvrir la pièce maîtresse qu’en bon scénariste, Jérôme a placé à la fin de la visite : le casernement recouvert de Saintes images. Pour y accéder, nous entrons dans un nouveau couloir, sombre, juste éclairé par une lampe accrochée au-dessus d’une icône.

Le couloir se prolonge encore un peu, jusqu’à déboucher sur cette petite pièce, toute en voûtes, éclairée par la lumière apportée par deux petites fenêtres. Hormis quelques objets du culte, la pièce est nue. Il faut dire que la partie réellement dédiée à la prière est dissimulée aux yeux des visiteurs par de lourdes tentures et nous restera inaccessible. Et, immergés dans le monde de ce moine ermite depuis plus d’une heure désormais, cette intimité souhaitée ici semble logique, bien qu’elle en épaississe encore le mystère…

 Dans la partie qui nous est ouverte, l’émerveillement est total. Lorsqu’il a souhaité aménager ce casernement en lieu de prière, le premier moine a avoir vécu en ermite au fort, le Père Séraphin, a fait appel à Yaroslav Dobrynine, grand iconographe et fresquiste russe. En 2006, celui-ci peint dans ce casernement de Saintes images qui illustrent la vie du Christ et mettent en scène mondes terrestre et céleste. Bleus, rouges et ors profonds, courbes, utilisation de la lumière… Murs et plafond sont recouverts de cette fresque, traduction graphique des textes sacrés, desquels, préalable nécessaire à tout iconographe, l’artiste s’est imprégné afin d’en transcrire la vérité.

La visite s’achève. Nous regagnons l’extérieur du fort, sans oublier d’en prévenir le moine par sms, et de prendre soin de refermer la porte à clé. Le soleil est désormais à son zénith. Le groupe va redescendre tranquillement sur le sentier vers le village de Porquerolles, ses plages, se fondre progressivement dans l’affluence des sites les plus accessibles et les plus populaires. C’est une étrange sensation que l’expérience de cette parenthèse, de cette prise de hauteur, au sens propre…et au sens figuré ? Une extraction hors du temps, hors des hommes, l’espace de quelques heures, à la rencontre d’un lieu empreint d’histoire militaire et de mystique. Deux mondes inconnus : l’un qui n’existe plus que par ses traces, l’autre qui se dérobe aux regards… Une visite essentielle enfin pour qui cherche à voir en Porquerolles bien plus qu’une île aux plages paradisiaques.

En images

Ramassage de déchets à Port-Cros avec l'association Explore et Préserve

Dans la cour du fort de la Repentance
@Crédit photo : Joëlle Valentini – Parc national de Port-Cros

Initiative soutenue par Esprit Parc national Port-Cros - L'asso explore et préserve

Les guides Esprit Parc proposent à leurs groupes de ramasser les déchets plastique trouvés en chemin.
@Crédit photo : Joëlle Valentini – Parc national de Port-Cros

L'association Explore et Préserve en mission sensibilisation à Port-Cros

Le groupe arrive au fort de la Repentance avec son guide, Jérôme Vian.
@Crédit photo : Joëlle Valentini  – Parc national de Port-Cros

Explore et préserve : une initiatve soutenue par Esprit Parc national Port-Cros

Depuis les hauteurs du fort, une histoire maritime.
@Crédit photo : Joëlle Valentini – Parc national de Port-Cros

Ramassage de déchets à Port-Cros avec l'association Explore et Préserve

Détail des fresques peintes par l’icônographe russe Yaroslav Dobrynine.
@Crédit photo : Joëlle Valentini – Parc national de Port-Cros

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